L’hyperprolactinémie est caractérisée par une augmentation des taux de prolactine circulants.
Les taux normaux de la prolactinémie (taux de prolactine dans le sang) se situent aux alentours de:
< 20 µg/L chez la femme
< 15 µg/L chez l’homme
En dehors des périodes de sommeil.
On parle généralement d’hyperprolactinémie, chez la femme, lorsque le taux est > 30 µg / L.
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Physiologie de la prolactine :
La prolactine est une hormone sécrétée par l’hypophyse antérieure (petite glande située à la base du cerveau).
Quels sont ses rôles?
La prolactine a pour fonctions principales:
– une stimulation de la production de lait par les cellules alvéolaires du sein (notamment au cours de l’allaitement).
– le développement et la croissance des glandes mammaires (notamment au cours de la grossesse).
Mais d’autres actions de cette hormone, pas encore bien comprises, ont pu être mises en évidence:
– une réduction de la sécrétion de la LHRH par l’hypothalamus, et , par ce biais, une diminution des taux circulants de LH et FSH, hormones essentielles au développement folliculaire, à la synthèse des hormones sexuelles, et à l’ovulation.
Ce qui explique les troubles de fertilité induits par l’hyperprolactinémie.
– Elle pourrait également diminuer la synthèse des hormones sexuelles mâles, chez l’homme, et être responsable d’une hypofertilité masculine.
Facteurs influençant sa sécrétion:
La sécrétion de prolactine présente des variations journalières physiologiques. Un pic de sécrétion étant observé au cours du sommeil profond.
D’autres facteurs influencent également la sécrétion de prolactine:
Une réduction de la synthèse de la prolactine est induite par la dopamine: en réponse à l’augmentation du taux de prolactine circulant, l’hypothalamus augmente sa sécrétion de dopamine qui agit en réduisant la synthèse, par l’hypophyse, de prolactine.
Ce type d’action est appelé feed-back négatif (ou rétrocontrôle négatif), et est un mécanisme physiologique observé à de nombreux niveaux dans notre petit corps bien pensé, et qui permet de réguler les sécrétions hormonales, dans le but de maintenir un taux stable de ces hormones et d’éviter les dérives.
Toute drogue neuroleptique réduisant la synthèse ou l’action de la dopamine aura donc pour effet d’augmenter le taux circulant de la prolactine.
Une augmentation de la synthèse de la prolactine peut être induite par:
– la succion du sein, ce qui explique le maintien de la lactogénèse (production de lait) tant que l’allaitement se poursuit.
– l’augmentation des oestrogènes augmente également le taux circulant de la prolactine, qui participe ainsi à la croissance et à la multiplication des glandes mammaires tout au long de la grossesse.
Mais, un taux élevé d’œstrogène a également pour effet d’inhiber l’action lactotrope de la prolactine au niveau du sein. L’allaitement sera donc plus difficile au cours de la grossesse, avec une modifiaction de la qualité du lait, et ce n’est qu’après la chute brutale des oestrogènes, observée après l’accouchement, que la production normale de lait reprend.
– les morphiniques semblent augmenter la synthèse de la prolactine, ce qui expliquerait l’aménorrhée (absence de menstruations) observée chez certaines femmes toxicomanes.
– le stress augmenterait également la sécrétion de prolactine.
Quelles peuvent être les causes d’une hyperprolactinémie?
1. Physiologique: une hyperprolactinémie s’observe normalement au cours de la grossesse et lors del’allaitement.
2. Iatrogène (provoquée par un facteur extérieur):
– oestro-progestatifs: les femmes sous contraception hormonale présentent généralement une augmentation modérée du taux circulant de prolactine, ce qui explique l’augmentation de la taille des seins observée sous pilule.
– drogues neuroleptiques administrées dans les psychoses (telles que la schizophrénie) et les syndrômes maniaques, qui diminuent l’action et la synthèse de la dopamine.
– certains anti-émétiques, comme le Primpéran®, par le même biais que les neuroleptiques.
– les opiacés (dérivés de la morphine).
3. Pathologies sous-jacente: une hyperprolactinémie peut s’observer en cas de:
– hypothyroïdie
– hyperandrogénie (augmentation des hormones mâles)
– insuffisance rénale chronique
– anorexie mentale
– stress psychologiques répétés.
4. Tumeurs hypophysaires bénignes (adénomes hypohysaires ou prolactinomes).
Quels en sont les symptômes?
– une galactorrhée (sécrétion de lait par les glandes mammaires) s’observe dans 30% des cas.
Elle peut être spontanée et évidente ou peut être provoquée par la pression des mamelons.
– une hypofertilité dépendant du taux de prolactine circulant: cela va de l’hypofertilité modérée avec phases lutéales courtes (hyperprolactinémie légère), en passant par des cycles anovulatoires avec menstruations irrégulières, jusqu’à l’aménorrhée (absence de règles) avec disparition totale de toute ovulation (en cas d’hyperprolactinémie sévère).
L’incidence des troubles du cycle menstruel est de 60 à 90 % des femmes présentant une hyperprolactinémie.
– chez l’homme, l’hyperprolactinémie peut être responsable de troubles de la libido, d’une impuissance, d’une gynécomastie (croissance des seins) et d’une oligospermie.
– une diminution de la libido est rarement observée
– en cas de tumeur de l’hypophyse, on peut observer: des céphalées (maux de tête) et des troubles visuels (diminution de l’acuité visuelle, vision double ou disparition d’une partie du champ de vision).
Quels sont les méthodes de diagnostic?
– le dosage sanguin de la prolactine, le matin, à jeûn permet de faire le diagnostic d’hyperprolactinémie en cas de suspicion.
Comme le taux de prolactine est dépendant du stress, le dosage se fait sur 2 prélèvements, réalisés à environ 15 minutes d’intervalle. Entre les deux, on reste généralement allongé au calme dans le laboratoire.
Ce dosage fera également partie des dosages de bilan de stérilité.
On parle d’hyperprolactinémie pour un taux supérieur à 30 µg/L.
– Il faudra rechercher une grossesse chez toute femme présentant une hyperprolactinémie avec aménorrhée.
– Le bilan comprend la recherche de pathologies associées ou de causes iatrogènes (stress, médicaments).
– Le test à la TRH: permet de diagnostiquer l’adénome hypophysaire.
Son diagnostic est quasi certain lorsque le taux de prolactine est supérieur à 150 µg/L.
Quels sont les moyens thérapeutiques?
Le traitement comprend:
– l’arrêt de l’administration de tout traitement augmentant le taux de prolactine.
– l’administration de Bromocriptine (Parlodel®) progressivement jusqu’à:
. la constatation d’une ovulation sur la courbe de température
. l’apparition des règles
. la disparition de la galactorrhée
. ou la survenue d’une grossesse
– Dans les adénomes hypophysaires, 2 traitements peuvent être proposés en fonction de la localisation et la taille de l’adénome:
. la chirurgie (par voie nasale)
. l’administration de bromocriptine
Causes spécifiques d’infertilité chez la femme:
–Principales causes d’infertilité chez la femme
–Les troubles de l’ovulation: anovulation et dysovulation
– Le syndrôme des ovaires micro-polykystiques (OMPK)
– Le syndrôme distilbène (DES)
Trouble de la fertilité: